Randonnée du jeudi 21 novembre 2019 à Saint Félix de Lauragais

Nous étions 36 au rendez-vous sur la place  Guillaume de Nogaret près de la Halle à Saint Felix, le parking n’était pas assez grand pour nous accueillir.

Le soleil aussi était présent et allait nous accompagner jusqu’à son coucher, aucun nuage ne viendrait nous le cacher.

Une légère brise pour nous rafraîchir le visage dans les montées, que demander de plus, les conditions idéales pour une randonnée d’automne.


Nous avons commencé par une petite descente qui nous a mené près d’un grand lavoir ancien à l’état d’abandon, nous avons eu une pensée émue pour nos mères qui il n’y a pas si longtemps  (60 ans environ ) lavaient le linge de la famille dans ces lavoirs et à défaut dans la rivière.

Ensuite nous avons pris une montée passant près de Pousseilles-basses pour rejoindre le chemin des crêtes. Après un petit vallon nous avons suivi ce long chemin qui nous a offert une vue splendide sur les Pyrénées et sur notre village de départ.

Arrivés tout au bout,au croisement d’Angry, une petite halte gourmande nous a donné un regain de tonus pour affronter  la dernière descente. Pas de glissades à déplorer malgré un chemin assez boueux.

Au carrefour du puits grillagé nous avons grimpé de manière constante en direction du clocher de l’église qui n’avait pas bougé!

A l’arrivée une petite boulangerie réputée pour son pain a été « un peu prise d’assaut « . La prochaine fois on les préviendra.

Maylis et Christiane

Place à notre chroniqueur Philippe

A Saint-Félix, on s’y risque! 

 

En ce jeudi 21 novembre 2019, les marcheurs d’Escalquens se sont bien gardés d’emprunter des ponts: ils sont allés à Saint-Félix-Lauragais (Saint-Félix de Caraman jusqu’en 1921), perché sur son éperon rocheux, qu’aucune rivière ne traverse et dont la monumentale collégiale domine village et contrée depuis le milieu du XIIIème siècle.

Il fallait avoir la foi pour construire un tel édifice dans un lieu où la religion catholique était frappée de malédiction!

Et pour ce faire, un puits d’une profondeur de 42 mètres a été creusé (et sans matériel de 50 tonnes!). Ce puits existe toujours: il est intégré dans un mur juste à côté de l’entrée de l’église et s’il est aussi profond … c’est qu’un contrepoids y aurait été installé pour hisser les matériaux utilisés à l’édification de la flèche, haute de ..42 mètres!

Cette malédiction a commencé avec le catharisme, cette religion chrétienne qui s’est détachée du catholicisme. Ses principes fondateurs, opposant le Bien (au Paradis, le royaume du Dieu Bon) et le Mal (l’Enfer du monde visible), font que ses croyants mènent une vie très austère pour échapper aux tentations terrestres afin d’accéder à la sérénité éternelle le jour de leur mort. L’envoyé de Dieu est le Christ et lui seul et certainement pas l’Eglise .. doctrine qui, bien-sûr, ne plaît nullement à cette dernière.

Il naît au Xème siècle en Bulgarie et se répand vers l’an mil dans plusieurs régions de l’Europe de l’Ouest. Il est particulièrement présent en Occitanie et, dans le Lauragais, il y aura jusqu’à 50 % de la population qui s’y convertira.

Et c’est à Saint-Félix, en 1167, que sous l’égide d’un dignitaire venu de Constantinople, Niquinta, plusieurs centaines de cathares se réunissent dans le château pour organiser le déploiement de cette religion et désigner les dignitaires des quatre évêchés d’Albi, Agen, Toulouse et Carcassonne. Un procès verbal est rédigé: c’est l’acte fondateur du catharisme occitan, face à l’Eglise romaine!

Après des tentatives de remise dans le droit chemin par l’institution catholique, s’en suivra la croisade dite des Albigeois menée par les troupes du royaume de France soutenues par le pape: les massacres et les pillages dureront plusieurs décennies. Il va de soi que Saint-Félix sera rasé, en 1211.

Et la malédiction continuera: alors que se construisait la bastide actuelle et sa collégiale, y naissait un des plus sinistres sires de l’histoire de France, au comportement pas du tout catholique (alors qu’il a été certainement baptisé avec l’eau du puits): Guillaume de Nogaret!

Ce chargé des basses oeuvres du roi Philippe le Bel, s’acquittera de sa mission avec zèle. Il tentera d’enlever le pape en personne pour le faire juger pour ..hérésie mais ce fut un échec (attentat d’Anagni, en 1303) puis prendra en charge, en 1307, l’expulsion des juifs de France afin de s’emparer de leurs biens (sans oublier, bien entendu, de se servir au passage) et, l’année suivante, il organisera, sur tout le royaume de France, une des plus grandes rafles de notre histoire, celles des Templiers (chevaliers qui dépendaient uniquement du pape) et ce afin de récupérer leurs avoirs et de les éliminer en remplissant les prisons et en allumant les bûchers.

Malgré ce lourd dossier à charge, la place principale du village à partir de laquelle nous avons randonné porte son nom et son buste trône au Capitole de Toulouse: les voies de la postérité sont impénétrables!

Pendant les Guerres de Religion de la fin du XVIème siècle, la ville repoussera les assauts des protestants et ses bons catholiques ne manqueront pas d’aller dévaster les villages alentours tenus par l’autre partie.

Les randonneurs d’Escalquens, eux, ne croient qu’en leurs GOBs et c’est pour cela qu’à défaut d’être des saints, ils sont bienheureux ou autrement dit, en latin,… des « felix »!

Pour voir les photos de Maylis cliquer ici

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