Randonnée du jeudi 29 novembre 2018 à Baziège

LA BOUCLE DE SAINTE COLOMBE                                                      

Avant de rentrer dans le cœur descriptif de notre randonnée, quelques mots sur nos conditions d’évolution dans la campagne lauragaise. Si certains nouveaux à la région, je pense en particulier à Bernard et son épouse Claudie qui nous viennent des côtes rochelaises, ne connaissaient pas les agréments que procure l’autan (l’auta en occitan), ils ont eu un aperçu en version originale des agréments qu’il procure. Si pour nous il décoiffe, soulève jupes et ôte chapeaux et casquettes, n’oubliez pas qu’il fut il y a quelques décennies, un auxiliaire précieux pour le meunier. Mais en contrepartie, vous avez eu droit à un beau ciel bleu permettant aux 33 marcheurs (sauf si un ou une m’a échappé ?) d’admirer ce Lauragais dont nous sommes si fiers.

Resituons-nous dans le temps : l’existence de Baziège est mentionnée dès le IVème siècle. On parle déjà de son site sous l’empire romain sous le nom de Badera, évoquant la présence d’un gué pour franchir la plaine marécageuse que l’Hers ne parvenait pas à absorber. Bien d’autres éléments tels que la voie romaine reliant Toulouse à Narbonne, le marché millénaire du samedi matin qui remonte à l’an mil, la bataille de Baziège à la fin de l’Empire, etc … L’histoire de Baziège est excessivement riche et je laisserai le soin à notre ami Philippe, de s’exprimer sur l’un des sujets de son choix.

Garés sur le « Périf » baziégeois, nous quittons le cœur de la cité lauragaise pour nous diriger vers une zone où la Nature a encore gardé ses droits. Après être passés sous un mini tunnel sous la voie ferrée Toulouse-Narbonne, nous changeons de braquet pour gravir la première « coustette ». Nous laissons sur la droite l’Institut ARVALIS, institut du végétal spécialisé dans la recherche et le développement, au service des agriculteurs et des différentes filières.

Arrivés sur le plateau, nous longeons un parc animalier privé, clôturé, électrifié et équipé de projecteurs et caméras ! Diantre, si nous ajoutons des miradors, nous pourrions avoir une réplique du camp de Guantanamo !! Longtemps le mystère a plané sur ces lieux, alimenté par de nombreuses rumeurs.


Le propriétaire de ces lieux était « Monsieur expérimentation animale » du CNRS, chargé de mission auprès d’un département de cet organisme public de recherche.
Aujourd’hui, à son actif, de nombreuses avancées au sein de différents organismes pour le bien-être des animaux de laboratoire (rédaction d’une charte nationale portant sur l’éthique de l’expérimentation animale avec l’aide d’associations de protections animales).


Initialement, ce parc était bien plus petit compte tenu des modestes moyens de son créateur et peuplé de résidents sortis tout droit des animaleries (singes).
Aujourd’hui, c’est une parcelle boisée d’une dizaine d’hectares qui abrite un zoo privé de 400 animaux plus ou moins exotiques.

La chance nous a souri puisque nous avons pu observer lamas, émeus, wallabies, zèbres et de nombreux lémuriens, sans parler des animaux que le vent fort avait cantonnés à l’intérieur de la parcelle boisée. De telles rencontres peuvent provoquer un réel dépaysement pour ceux qui ont une imagination galopante !

Nous poursuivons notre promenade sur un beau chemin herbeux, en pente douce, longeant le cours du Visenc. La vue qui s’offre à nous est un véritable puzzle constitué de terres labourées aux teintes ocrées dégradées selon le type de terrain, alternant avec le vert tendre des jeunes blés d’hiver ondulant sous un puissant vent de Sud-Est. Devant nous, au loin, un enclos d’où émergent quelques cyprès vert sombre, à travers lesquels se devine un toit de tuiles romanes. Quand nous avons rejoint la route barrant notre chemin et que nous avons changé de cap à 90°, nous découvrons un lieu magique qui ne peut laisser indifférent l’amateur de beaux sites et monuments. Devant nous, perdue au milieu de la plaine, protégée par ces cierges centenaires et jouxtée par le cimetière clos d’un mur en pierres sèches, se niche discrètement la belle chapelle de Saint Eutrope, sise au lieudit Ste Colombe (ou Ste Eulalie comme me l’a fait remarquer l’experte, puisqu’étant sur « ses terres !!) datant du XVIème siècle, de briques roses bâtie et grandie de son clocher-mur percé de trois baies. Si justificatif il fallait pour montrer la beauté de ce monument, il suffit de souligner qu’elle est inscrite à l’inventaire des Monuments historiques. La visite de l’intérieur présenterait un intérêt certain, mais récupérer la clef auprès de M. le Curé de Baziège je suppose (non me fait remarquer la même experte, le curé de Villefranche, elle est sur ses terres) puis la ramener, complique les choses. Si certain(e)s se sentent brimés de n’avoir pu effectuer cette visite, ils trouveront de nombreux renseignements dans le site ci-dessous :

http://toulouse.catholique.fr/IMG/1481/Baziege,_Sainte-Colombe_n%C2%B025.pdf

et en prime vous aurez une photo de la nef centrale comme si vous y étiez !! Sachez que tous les ans une fête champêtre est organisée en ces lieux, au mois de septembre, ce qui permet entre autre, de visiter la chapelle dans son intégralité. (Faux s’exclame toujours la même experte, ceci n’existe plus depuis que nous avons changé de curé) Pour tous renseignements à ce sujet, adressez-vous à l’Office de Tourisme de Baziège, ou à Marie-Odile V. qui saura vous apporter tous les renseignements relatifs à ce monument.

La nef de la chapelle de Ste Colombe

Nous profitons de cette pause, abrités de ce vilain vent par les contreforts de la chapelle, pour prendre une petite collation, nous redonnant l’énergie nécessaire pour poursuivre notre cheminement.

Au niveau d’un oratoire – la coquille St Jacques se trouvant à l’intérieur, nous rappelant que nous sommes sur le GR 653 reliant Arles à St Jacques de Compostelle – nous virons à gauche, empruntons un petit tronçon de route et très rapidement nous reprenons un chemin enherbé qui plonge dans le vallon. Arrivés à hauteur de peupliers, le ruisseau de Ste Colombe est traversé et nous remontons la colline jusqu’à la route. Certains ont pu observer sur le talus plusieurs terriers de renard ou de blaireau.

Arrivés à un calvaire, nous abandonnons le GR sur lequel nous cheminions depuis longtemps et qui part sur la droite, alors que nous, nous filons tout droit en suivant les balises jaunes du PR (Chemin de Petite Randonnée). Nous côtoyons un hameau de quelques maisons et après plusieurs changements de directions, notre regard est capté par des surfaces brillantes !! Plan d’eau ou tunnels plastiques de protection de cultures ? Lorsque nous sommes suffisamment proches nous reconnaissons les toits en terrasse de l’extension du nouvel entrepôt gigantesque de LIDL. Plus loin nous longeons la clôture de l’ancien centre de stockage et les grands silos de Baziège visibles à cent lieues à la ronde nous confirment que nous sommes bien revenus tout près de la cité. Nous débouchons sur la D38 E que nous longeons sur 50m avant d’emprunter sur la droite une petite route qui nous mène sur le sentier longeant une nouvelle face du parc animalier. Arrivés au sommet, la boucle est fermée et par un tronçon commun à l’aller, nous redescendons sur Baziège. Dociles et patientes, les voitures nous ont attendus et là, chacun a pu apprécier le plaisir de plier les jambes, de s’asseoir sur des coussins moelleux et de dire ou de penser : « Ça fait du bien quand ça s’arrête ! »

Merci à tous d’avoir participé à cette balade qui, bien que connue de certains, procure toujours un certain plaisir à la découvrir ou redécouvrir.

Bien amicalement à vous

Jo et Clément

Et maintenant la chronique de notre ami Philippe

Brexit et Eu(t)rope

 

C’est en campagne, autour de Baziège, en cette fin novembre 2018, qu’un régiment de marcheurs d’Escalquens a posé son bivouac au pied de la chapelle de la paroisse de Sainte Colombe.

Mais ce lieu porte mal son nom car, en avril 1814, ce n’était pas la paix qui y régnait. Il y eu dans le champ qui surplombe l’édifice une « escarmouche » entre cavaliers Anglais et Français qui fit une centaine de morts. Les Français, catholiques, furent enterrés dans le cimetière autour de la chapelle et les Anglais, de confession anglicane, dans un cimetière créé pour l’occasion, juste au-dessus du champ de bataille et dont il subsiste aujourd’hui uniquement les cyprès (que vous avez peut-être vus,depuis notre point de halte « technique »).

Pourquoi cet accrochage?

Petit rappel: en 1808, Napoléon veut imposer à toute l’Europe de faire un blocus économique de l’Angleterre et ce en empêchant l’accès terrestre des ports aux marchandises (puisque les Anglais maîtrisent sans partage les mers depuis la bataille de Trafalgar).

Le Portugal s’y oppose. L’Empereur décide donc de « ramener à la raison » ce pays rebelle mais, pour ce faire, il doit traverser le nord de l’Espagne..qui n’apprécie pas ces envahisseurs. S’ensuivent cinq ans de guerre et de guerilla impitoyables. 

En 1813, une coalition faite des armées Anglaise, Portugaise et Espagnole chasse et pourchasse les Français qui se divisent en deux parties pour rentrer au pays, par la Catalogne et par le Pays-Basque. Cette seconde partie d’armée arrive à Toulouse en avril 1814 et s’y réfugie. Après une première bataille (l’obélisque à côté des cimetières toulousains de Jolimont rappelle ce fait d’armes), l’armée française s’enfuit par le Lauragais, avec, à ses basques, les coalisés.

Et donc, ce sont des détachements des deux armées qui se sont rencontrés (par hasard?), à Sainte Colombe.       

Une hypothèse, tout à fait personnelle, pourrait peut être expliquer ce « hasard ». 

Et si les cavaliers Anglais avaient eu l’intention, tout à fait respectable, de faire un pélerinage en ce lieu au nom pacifique, Sainte-Colombe, avec une chapelle dédiée à Saint-Eutrope et aient rencontré malencontreusement des soudards belliqueux Français?

Car ce saint (évêque, de  Saintes en Charente, au 3ème siècle de notre ère,… donc prédisposé à devenir une légende chrétienne) , dont l’étymologie pourrait être une contraction de « Europe » et de « trop » et donc voudrait dire « trop d’Europe », était peut être pour eux leur « saint patron »(version anglicane), précurseur du Brexit (contraction de « British » et de « exit »). Il faut bien-sûr ne pas oublier, qu’à l’époque, Napoléon avait réussi à fédérer sous son autorité (et sans référendum) toute l’Europe… contre lui!

Les cavaliers Français, qui ne brillaient ni par leur ouverture d’esprit (ils repoussaient l’envahisseur alors qu’ils avaient fait subir les mêmes outrages pendant 15 ans à tous les autres pays du continent..) ni par leur lucidité (…leur commandant, maréchal de son état, se nommait …Soult) auraient donc livré bataille à des pélerins venus s’âbimer dans la prière.

Ce qui est sûr, c’est que tous ces soldats sont morts pour moins que rien ..car Napoléon avait abdiqué depuis plusieurs jours mais ils ne le savaient pas ! Un pigeon voyageur aurait été bien plus utile en cette circonstance qu’une colombe!

Que les randonneurs d’Escalquens continuent leurs marches pacifiques sans frontière. Debouts, avec la seule énergie de leurs jambes, il y a longtemps qu’ils sont sur les chemins de la transition écologique avec leur slogan revendicatif: « à bas… siège d’auto! » (ou d’autres moyens de transports). 

 

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