Randonnée du jeudi 18 avril 2019 à Labastide Beauvoir

Labastide Beauvoir le 18 avril 2019-04-19

 

Tout d’abord, quelques mots sur cette commune, qui doit son nom au terme « bastide » (ancienne ville forte dans le Sud-Ouest) et au nom de riches commerçants pasteliers : la famille « Beauvoir ». Peuplée d’environ 1100 h, cette charmante commune du Lauragais a la particularité d’avoir une église –Notre-Dame de l’Assomption- du XIX S. qui se trouve exactement dans l’axe de la D2 en venant de Toulouse. La flèche de son clocher hexagonal se dresse fièrement au-dessus des maisons typiquement lauragaises en brique rouge.

Autre monument remarquable du lieu, mais non situé sur notre parcours : le château de Labastide Beauvoir du XVIII S. C’est une propriété familiale inscrite aux Monuments historiques, située sur un parc de 30 ha. L’orangerie ouverte sur des jardins à la française, peut-être réservée pour des réceptions.

Principale attraction de cette randonnée, une propriété dénommée l’arbre en nuages spécialisée dans la taille japonaise de résineux.

Vous pouvez aller sur le site en cliquant ici

La traditionnelle pause goûter s’est faite avec comme d’habitude des gâteaux, j’en profite pour remercier les randonneuses qui nous régalent régulièrement de leur talents culinaires.

Nous avons affronté un fort vent d’autan qui n’a pas ralenti notre rythme.

Nous étions un groupe de 31 participants.

Et maintenant place à notre ami Philippe.

A Labastide-Beauvoir, tout n’est pas beau à voir! 

En ce jeudi 18 avril 2019, partis de Labastide-Beauvoir et de son église Notre-Dame de…l’Assomption  (avec sa flèche incombustible car faite en pierre, bâtie en 1884), la famille des marcheurs a fui vers… Les Varennes mais, contrairement à Louis XVI, ce ne sont pas les gardes nationaux mais le violent vent d’autan qui l’a ramenée au point de départ.

Car c’était bien une escapade royale que nous avons faite dans cette commune qui, en grande partie, a longtemps appartenu à une famille noble, notoirement  royaliste, les de Villèle, dont le château familial est implanté depuis plusieurs siècles dans la commune voisine de Mourvilles-Basses. Nous avons marché sur son ancien domaine et avons pu voir sa première résidence, datant du XVIème siècle, le château Campauliac.

Un des leurs, Joseph, hostile à la révolution (c’est dur de perdre ses privilèges et encore plus sa tête), part s’installer en 1794 sur l’île Bourbon (qui, aujourd’hui, porte le nom républicain de Réunion). Là bas, il s’enrichit considérablement dans la culture du café grâce à l’esclavage et à un mariage avec la fille de colons très fortunés (et connue pour être particulièrement cruelle avec cette main d’oeuvre dont les revenus « n’étaient pas indexés sur l’inflation »). Ils étaient de leur temps et cette exploitation extrême de l’homme par l’homme n’émouvait pas particulièrement ni les révolutionnaires ni l’Eglise!

Loin de là, dans la métropole, en 1799, la vie est difficile pour la majorité des citoyens. Depuis dix ans l’instabilité politique est de mise, la situation économique est dramatique et la misère est grande notamment dans le Lauragais où de mauvaises récoltes ont conduit à la disette voire à la famine.

Et en même temps (suivant l’expression du …moment), plusieurs milliers de Français, notamment de la noblesse, ont émigré dans les pays voisins et servent dans leurs armées royales. Ces royaumes voudraient bien renverser ce régime républicain français qui montre un très mauvais exemple d’émancipation politique populaire et d’anticléricalisme.

La France, et le Lauragais ne fait pas exception, est composée à 80 % de paysans analphabètes très attachés à la foi catholique et, de plus, dans notre contrée, ils sont sous forte influence des grands propriétaires dont les de Villèle.

Le Lauragais est agité depuis plusieurs mois par des bandes royalistes. Plusieurs attentats se produisent et à l’automne 1798, à Escalquens (à la Cousquille), une embuscade est tendue à un détachement de gendarmes de la République: son commandant est tué.

A l’été 1799, grâce aux moyens financiers étrangers, un soulèvement se prépare dans plusieurs provinces du pays. Dans le Sud-Ouest, il concerne principalement le Gers et la région toulousaine. A la faveur de cette rébellion, les armées étrangères, regroupées aux frontières, ont prévu d’envahir le pays pour y rétablir une monarchie « comme au bon vieux temps ».

Des volontaires sont recrutés et encadrés par des nobles émigrés et rentrés clandestinement au pays. Pour le Midi, les principaux chefs, qui s’entendent très mal entre eux, se nomment le général Rougé (qui mourra à Saint-Orens en 1832) et le comte de Paulo. Ils disposent de 40 000 hommes mais ont peu d’armes et aucun canon.

Dans la nuit du 5 au 6 août 1799, Rougé , à la tête de 6000 paysans, essaie d’entrer dans Toulouse pour s’emparer de canons, fusils et munitions. L’action est mal préparée, prématurée et les défenseurs de la ville les attendent, forts des renseignements fournis par leurs espions (dont le curé de Montgaillard-Lauragais). Après plusieurs attaques durant les jours suivants, les royalistes sont refoulés et doivent traverser la Garonne à la nage. Plusieurs centaines d’entre eux se noieront. Toulouse est sauvée.

Pendant cette période plusieurs villages du Lauragais seront occupés quelques jours: Lanta, Caraman, Nailloux, Montgiscard, Montesquieu.

Mais ces troupes royalistes perdent du terrain: ils partent se réfugier en Espagne et le 20 août les troupes républicaines les attaquent du côté de Montréjeau. Ils sont écrasés, 2 000 d’entre eux seront tués et beaucoup seront emportés par la Garonne ( une vraie alliée républicaine!).

L’insurrection est terminée. Rougé et Paulo s’échapperont en Espagne mais dans tout le Midi il y aura eu pendant ces évènements, que l’histoire a complètement oubliés, entre 4 000 et 6 000 morts (combats, massacres, noyades). La répression sera de faible ampleur car peu de temps après, en novembre 1799,  Bonaparte prendra le pouvoir grâce à un coup d’état et privilégiera une politique d’apaisement. En comparaison, la Terreur imposée par Robespierre, qui est bien plus connue, ne fera entre septembre 1793 et juillet 1794 « que » 200 victimes dans la région..

Joseph de Villèle reviendra à Mourvilles-Basses après la tourmente, en 1807. Hostile à Napoléon et à la République, il attendra son heure, c’est à dire le retour de la royauté en 1814: ce sera la dite Restauration. Il sera plus royaliste que les rois Louis XVIII et Charles X: après l’avoir nommé maire de Toulouse, ces derniers lui confieront les plus hautes fonctions du gouvernement. Il s’illustrera avec zèle en empêchant la moindre dérive libérale et en éradiquant tous les acquis de la Révolution: pouvoir accru de l’Eglise dans les affaires du pays notamment dans l’éducation, censure de la presse, répression des opposants, antiparlementarisme. Cette politique de retour à l’Ancien Régime pur et dur (dite des Ultras) sera de plus en plus contestée et le mènera à démissionner en 1828. Il mourra en 1854 ce qui l’obligera à assister, depuis ses terres de Mourvilles-Basses et de Labastide-Beauvoir, aux révolutions de 1830 et 1848 et donc au retour de la République mais aussi à l’arrivée du second Empire en 1854, ses deux cauchemars politiques ainsi qu’en 1848, à l’abolition définitive de l’esclavage en France, esclavage qui lui avait apporté fortune et pouvoir! Son monde était dévasté ..et il n’est, heureusement, toujours pas restauré!

 

Les marcheurs d’Escalquens, eux, sont tolérants, respectueux d’autrui et beaucoup moins exaltés. Ils font honneur, avec philosophie, à Simone (qui n’est pas native du lieu !): il y a beaucoup plus de reines que de rois dans le groupe mais « le deuxième sexe » y règne à la satisfaction de tous!

 

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