Randonnée du jeudi 13 juin 2019 Lacroix-Falgarde

Niché au creux d’un méandre de l’Ariège, le ramier de Lacroix Falgarde est constitué d’une vaste zone naturelle. Dans le pays toulousain un ramier désigne un espace boisé en bord de rivière, développé sur les zones d’alluvions. Jusqu’à la fin du XIX ° le ramier fournissait du bois de chauffage à la population locale. Par la suite ce site à fait l’objet d’une exploitation de graviers jusqu’aux années 1980.

Nous avons pu voir sur notre droite le beau château de Lacroix( 1514), château pastellier , avant de longer l’Ariège. Ce ramier est un réservoir de biodiversité et plus de 120 espèces végétales et animales sont répertoriées, dont certaines sont menacées et protégées.

Revenant à proximité du centre sportif de la commune nous avons fait une petite halte à  » l » éphémère guinguette » qui aux beaux jours en fin de semaine propose restauration , musique et danse aux bord de l’Ariège.

Le vieux pont reliant la commune à Pinsaguel est fermé depuis 2010 ( suite à l’incendie d’une voiture). Voué à la démolition par le département,  la mairie se bat pour le sauvegarder et l’utiliser pour les cyclistes et les piétons.

Ce pont Eiffel est le plus ancien de Haute Garonne.

Nous avons ensuite cheminé, le plus souvent en bordure de l’eau et à l’abri du soleil,  jusqu’ à une petite plage ou nous avons partagé le gouter.

Ce circuit en majorité à proximité des rives nous a permis de découvrir les multiples visages de l’Ariège, tantôt paisible,tantôt plus remuante.

Texte de Marie-Odile et Maylis

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CHRONIQUE DE PHILIPPE

A Portet de vue, pas vu 

En ce jeudi 13 juin 2019, les marcheurs d’Escalquens, partis de Lacroix-Falgarde, étaient bien décidés à se transporter à Portet, situé sur l’autre rive de la Garonne et de l’Ariège. 

Mais, du pont qui aurait permis cette escapade, il ne restait plus que des morceaux de piles affleurant au-dessus des eaux: il a fallu renoncer et préférer l’Ariège à la Garonne sans jamais pouvoir ni voir ni atteindre Portet.  

En effet, ce pont a été détruit le 23 juin 1875 par la plus terrible crue qu’ait connue la Garonne.

Car elle est très capricieuse et au cours des siècles elle a très souvent emporté ponts, digues, cultures et maisons environnantes: 50 crues sont attestées entre le XIIIème et le XIXème siècle!

Portet veut dire « port fluvial » en latin et il l’était en effet dès l’Antiquité: au XIIIème siècle un pont à péage accroîtra son activité commerciale. Maintes fois ce pont sera détruit soit par les flots incontrolés du fleuve (dans lequel se jette  l’Ariège juste en amont) soit par les guerres. Des bacs assureront les transferts entre les deux rives en l’absence de pont.

En ce 23 juin 1875, à cause des pluies incessantes depuis la fin mai et des tardives chutes de neige sur les Pyrenées, il suffira d’une crue de quelques heures pour détruire à Portet le pont et une quarantaine de maisons.

Mais c’est Toulouse qui allait payer le plus lourd tribut: 200 morts, 1200 maisons détruites (notamment dans les quartiers Saint-Cyprien, Amidonniers, Abattoirs) et plusieurs digues et ponts démolis dont ceux de Saint-Michel, Saint-Pierre et Empalot . Le Pont Neuf, lui, résistera grâce aux ouïes situées entre les arches qui permirent à l’eau de s’écouler et de réduire ainsi la pression subie.

Aujourd’hui, les seules traces encore visibles de cette catastrophe sont les repères gravés sur des édifices indiquant le niveau d’eau atteint. Il y a bien-sûr aussi les digues et les immenses ouvrages mobiles installés depuis, au cas où..

Mais il y a aussi une déclaration rentrée dans l’histoire et que l’eau passée sous les ponts depuis n’a pas réussi à emporter dans l’oubli. C’est celle qu’a prononcée le Président de la République de l’époque, Patrice Mac Mahon, venu constater les dégats:  » Que d’eau…que d’eau!.. ». Pour relever le niveau, le préfet du département lui répondit « Et encore, Monsieur le Président, vous n’en voyez que le dessus…! ».

Cette remarquable lucidité présidentielle pourrait faire croire qu’il était de la famille de La Palice. Il n’en est rien car ce diagnostic révèle, à l’analyse, un haut niveau d’expertise en phénomènes hydrauliques, certainement hérité d’un de ses ancêtres en ligne directe, par sa mère Pélagie de Riquet de Caraman: il était un descendant de Pierre-Paul Riquet!

Mais s’il a essayé d’être un homme d’eau, il fut incontestablement un homme de sang: né dans une famille noble de militaires comme il se doit, il sera diplômé de Saint-Cyr puis participera notamment à la conquête de l’Algérie (pour se faire la main) et à la Guerre de Crimée (avant Poutine!). Nommé Maréchal de France , il conduira à une cuisante défaite les armées françaises face aux Prussiens, en 1870..et il sera même fait prisonnier. Tout juste libéré, il prendra le commandement de l’armée régulière qui réprimera sans pitié les insurgés de la Commune de Paris.

Il réussira à se faire élire Président de la République en 1873 (élection faite par l’Assemblée Nationale à majorité royaliste). Même si l’envie ne lui manquait pas, son projet de restaurer la monarchie tombera à l’eau. Il démissionnera avant la fin de son mandat, n’ayant plus le soutien ni de l’Assemblée Nationale ni du Sénat désormais majoritairement à gauche.

La Garonne l’aura donc fait entrer dans la postérité..mais certainement pas par la porte qu’il aurait voulu prendre! Lui, le militaire, y aura fait un « discours » qui ne lui permit pas d’obtenir son épée d’Académicien..ce fut un coup d’épée dans l’eau!

Quant aux marcheurs d’Escalquens, ils n’ont pas besoin d’armes ni suer sang et eau pour pratiquer pacifiquement leur équip..ée pé..destre!

 

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