Randonnée du jeudi 11 avril 2019 à Donneville

On part ? On ne part pas ? Mais pourquoi pas !  Si l’on est venu jusqu’au lieu de RDV, c’est bien parce qu’on a l’intention de  MARCHER ! Et nous voilà partis.

Nous sommes 10 au RDV sur la place à Donneville, et pas une goutte de pluie à l’horizon.

Le chemin herbeux dans sa grande majorité nous permet d’essuyer nos chaussures.

Depuis Pinatel nous découvrons Montgiscard.

Ici à Montgiscard quelques souvenirs des années 60 remontent à notre mémoire.

Plus loin, dans la rue Mercadier,  une pierre sculptée incrustée dans un mur. Cette sculpture n’a pas échappé à Philippe qui certainement va vous raconter son histoire dans sa rubrique.

Tout  comme cette croix en pierre à l’entrée du village de Donneville, peut être la Croix de Pradelot ; on compte là aussi sur notre ami Philippe qui nous en dira plus sur l’histoire de cette croix très originale.

 Merci à tous les courageux marcheurs pour leur allure dynamique.

Et comme décidément la pluie n’est pas tombée, nous avons pu prendre notre  temps pour la petite collation en plein air, du pain d’épices maison.

Annie et Gilbert

Le rouge et le noir, à Montgiscard!  

 

En ce jeudi 11 avril 2019, les randonneurs sont partis de Donneville pour rejoindre Montgiscard. 

Donneville était un point de départ obligé puisque cette commune est connue pour accueillir de la meilleure des façons les voyageurs: le socle de la croix devant laquelle nous sommes passés, datée de 1428, porte, outre huit personnages (des apôtres?), plusieurs fers à cheval gravés dans la pierre qui symbolisent cette réputation.

Mais, par contre, à Montgiscard, les visiteurs n’ont pas toujours été bienvenus. En effet, si les Anglais, aujourd’hui en plein psychodrame du Brexit, veulent (semble-t-il !) quitter l’Europe, ce n’était pas le cas en ce 29 octobre 1355.

C’était le début de la Guerre de Cent Ans. Le roi d’Angleterre, Edouard III, régnait depuis 28 ans, et prétendait au trône de France (sa mère était la fille du roi de France Philippe IV le Bel). Il avait un fils aîné, Edouard de Woodstock, prince de Galles et d’Aquitaine, plus connu sous le nom de Prince Noir car son armure était recouverte d’une blouse noire et… son comportement traduisait un noirceur d’âme certaine! Âgé de 25 ans et bien qu’il fut l’éminence ..grise de son père, il voulait s’affirmer car à cette époque, à son âge, bien des rois régnaient depuis longtemps.

Pour ce faire, il va lancer une chevauchée dans le sud de la France et en particulier dans le Lauragais, et ce depuis l’Aquitaine (rebaptisée Guyenne au XIIIème siècle), région qui appartenait à l’Angleterre après que son ancêtre, la duchesse Aliénor d’Aquitaine, en 1152, se fut mariée avec celui qui deviendra roi d’Angleterre deux ans plus tard, Henri II Plantagenêt (après un mariage malheureux avec le roi de France Louis VII).

 

Une chevauchée consistait en un raid destructeur de tout ce qui était bâti, souvent par le feu (le bois et le chaume sont de très bons combustibles..), après avoir tout pillé, tout démoli et occis tous ceux qui résistaient. Outre l’enrichissement considérable qu’elle procurait, cette stratégie permettait de montrer sa puissance à l’adversaire sans faire de conquête à proprement parler, car conquérir coûtait très cher.

Ainsi donc, après avoir traversé la Gascogne, la bête noire du Lauragais franchit à gué, avec son armée composée de plusieurs milliers de cavaliers (Anglais mais aussi Gascons, Béarnais, Basques), l’Ariège et la Garonne du côté de Portet et de Falgarde et prit la direction de Carcassonne en détruisant tous les villages de sa liste rouge situés sur la route antique de Narbonne: Montgiscard, Castanet, Baziège, Ayguevives, Montesquieu, Villenouvelle, Villefranche, Gardouch, Avignonet, Castelnaudary,..

L’histoire qualifiera cet épisode rouge de sang et de feu de « grand incendie du Lauragais ».  

 

Il s’acharna particulièrement sur Montgiscard, important village à l’époque, qui avait essayé de résister derrière son enceinte faite de murs de terre: les 12 moulins autour du village furent notamment incendiés ce qui nous indique que la population devait être de 2000 âmes environ (avant son passage et celui de l’épidémie de peste, noire elle aussi, de 1348, qui avait emporté un tiers de la population).

Quant à la garnison française cantonnée dans Toulouse, elle s’était contentée de protéger la grande ville quitte à sacrifier le Lauragais. Cette stratégie « statique » n’est pas sans nous rappeler celle utilisée, il y a quelques semaines, face à la vague destructrice, de couleur jaune celle là, et qui consistait à protéger les bâtiments du pouvoir au détriment des autres établissements et équipements…abandonnés aux pilleurs.

Arrivés à Narbonne, il fallut revenir dans son fief de Guyenne, l’hiver approchait. Pour ce faire, il prit une route plus au sud car elle présentait l’avantage de pouvoir piller de nouveaux villages tels Limoux. Carcassonne sera néanmoins détruite deux fois, à l’aller et au retour. Il franchira la Garonne à Muret.

Le Prince Noir continuera à voir rouge et à guerroyer pendant une vingtaine d’années, soit dans des chevauchées de cet acabit, soit dans des batailles (parfois en tirant à boulets rouges puisque la bombarde venait tout juste d’apparaître sur les champs de bataille) mais toujours avec autant de « délicatesse »: il était très redouté et ce sont ses adversaires qui broyaient du noir dans leur tête à défaut de pouvoir le broyer.  

Mais il ne l’emportera pas au Paradis (nous n’avons aucune certitude qu’il y soit eu égard à ses agissements..): il mourra de maladie un an avant son père (qui lui vivra 65 ans, en régnant pendant 50 ans..un record absolu à l’époque!) et ne sera donc jamais roi..si ce n’est des ténèbres bien qu’il se comporta, certes avec beaucoup de zèle, comme beaucoup d’autres personnages de son temps, un temps de violence extrême.  

En conséquence, à Montgiscard, de cette époque, peu de vestiges nous sont parvenus, mais nous avons pu voir, scellée sur une façade d’une maison du village, une pierre sculptée représentant un oiseau en vol qui, certainement, symbolise la colombe cathare. Cette sculpture a donc survécu également à une autre destruction du village, 150 ans plus tôt, celle perpétrée par Simon de Monfort (Montgiscard hébergeait beaucoup de sympathisants à cette foi dite hérétique et le seigneur du lieu s’y était converti).

Pour que ce symbole de paix soit de circonstance, il faudra que le Lauragais attende les années 1450, c’est à dire la fin de la guerre de Cent Ans, pour voir la vie en bleu..pastel!

Bien plus tard, en avril et mai 1814, après la défaite des troupes napoléoniennes, l’armée anglaise laissera un bien meilleur souvenir en Lauragais. L’occupation qu’elle effectua fut remarquablement correcte et respectueuse des habitants et des lieux.   

Quant aux marcheurs d’Escalquens, s’ils sont toujours tout feu tout flamme, même sous la pluie, c’est pour défendre une juste et belle cause : chasser les idées noires et voir la vie en rose!

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